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LE SAINT-GRAAL ! MYTHE OU REALITE ? ... (LA SUITE) - LE "SAINT-GRAAL" de VALENCE (ESPAGNE) - LE "SAINT-GRAAL" de LEON (ESPAGNE)

LE SAINT-GRAAL ! MYTHE OU REALITE ? ... (LA SUITE)

LE "SAINT-GRAAL" de VALENCE (ESPAGNE)
LE "SAINT-GRAAL" de LEON (ESPAGNE)


Nombre de très beaux et antiques Calices ont été ou sont, tel aujourd’hui le Graal de Valence, considérés comme le véritable Calice de la Cène… L’analyse de leur matière et la reconstitution de leur parcours historique visent à accréditer leur authenticité, mais en réalité, comme nous le verrons, leur confrontation avec les textes bibliques contredisent formellement cette origine.

Parmi ces Reliques historiques, le Graal de Valence jouit, en effet, d’une grande réputation compte tenu de ce que plusieurs des derniers Papes, dont Jean-Paul II, en 1982, et Benoît XVI, en 2006, l’ont honoré en l’utilisant pour célébrer la Messe, de sorte que son authentification par le Vatican a été avancée, bien qu’il n’en soit rien dans les faits.

Le Calice de Valence, d’une hauteur de 17 cm, comporte trois parties : la coupe proprement dite, le corps et le pied.

La coupe, taillée dans un gros morceau d’agate (ou de calcédoine orientale) a un diamètre de 9 cm. Le corps est composé d’une colonne centrale hexagonale avec un écrou rond au milieu et surmontée de deux petits plats, celui du dessus soutenant la coupe et celui du dessous soutenant le pied. Il possède deux poignées latérales en forme de serpent, taillées de manière hexagonale. La base est entièrement en or. La base elliptique est en calcédoine et comporte 28 perles fines, 2 rubis et 2 émeraudes Une inscription en arabe coufique est gravée sur son dos.

En 1960, le Professeur Antonio Beltran, chef du département d’archéologie de l’Université de Saragosse, en collaboration avec d’autres collègues européens, a fait une étude complète du Saint Calice (El Santo Caliz de la catedral de Valencia). Il aurait été fabriqué entre 100 et 50 avant Jésus-Christ et l’an 1.
En 258, saint Laurent aurait fait envoyer le Calice à Huesca. Au moment de la conquête musulmane, il aurait voyagé à travers les Pyrénées du sud. De là, on le retrouve, en 1070, à San Juan de la Peňa. En 1322, un sultan d’Égypte revendique l’avoir acquis à Jérusalem. Jacques II l’achète et le place dans le palais de l’Aljaferia de Saragosse. On le retrouve, en 1410, à Barcelone dans la chapelle de la résidence du roi ; transféré à Valence en 1416, il est, à la suite d’une chute, réparé en 1744, (la fracture ne se voit plus). Face à l’avance des armées napoléoniennes, le voilà déplacé à Alicante, Ibiza, Palma de Majorque, puis de retour à Valence dans la cathédrale en1813, installé dans une chapelle de l’ancienne salle du chapitre…. Confié à une fidèle pendant la guerre civile d’Espagne, il est remis en place après…

Le « Graal » de Léon

Un ouvrage récent : « Les Rois du Graal » (Los Reyes del Grial, Madrid, 2014) de Margarita Torres Sevilla, professeur d’histoire médiévale à l’Université de Léon, et José Miguel Ortega del Rio, historien de l’art, a relancé l’intérêt pour cette belle relique visible au musée de la basilique San Isidro de Léon, derrière une vitrine protégée des balles.

Le « Graal » de Léon est composé d’une coupe d’onyx, pierre foncée que les pétrologues et experts en histoire de l’art considèreraient du 1er siècle, enserrée dans un beau travail d’orfèvrerie orné de pierres précieuses.

Le Calice aurait été offert au roi de Léon Ferdinand 1er, par un émir arabe fatimide d’Espagne afin de sceller la paix avec lui. C’est l’infante Doňa Urraca, fille de Ferdinand 1er, qui l’aurait embelli de ce luxueux travail d’orfèvrerie en offrant les pierres précieuses de ses propres bijoux.

Deux parchemins égyptiens rédigés en arabe (XIVe siècle ?) se rapportent à ce Calice : le 1er se réfère à un passage perdu de l’historien Ibn-al-Qifti (+ 1248) qui explique comment la coupe serait parvenue depuis Jérusalem jusqu’à la Taifa de Dénia, sur ordre du souverain fatimide, et offerte par l’émir local à Ferdinand Ier.

Dans le 2ème parchemin, Saladin en personne (!) rapporte qu’un petit morceau du Graal aurait été prélevé avant le transport à Dénia, fragment qui aurait permis de guérir sa fille ! (Il manque effectivement un éclat de pierre au Calice…)

De ce fait, les historiens arabisants devront expliquer l’époque à laquelle furent copiés ces parchemins et naturellement pourquoi ils ont été trouvés ensemble…

D’autant qu’aucun document royal ou ecclésiastique ne fait allusion à la présence du Graal à Léon à l’époque de Ferdinand Ier, alors qu’il avait lui-même accueilli en grande pompe, avec sa famille, le clergé et toute la population de Léon, les reliques de San Isidro qu’il avait acquises… Sur ce point, les auteurs avancent l’argument selon lequel le Roi aurait observé la discrétion afin que le Graal ne soit point dérobé...

[Se faisant l’écho d’experts espagnols, nombre d’historiens et journalistes français, dont Patrick Henriet dans L’Histoire (n° 412, juin 2015, p. 20), mettent en doute le sérieux de cet ouvrage récent, qui dans la foulée du Graal de Valence, créée un phénomène commercial d’une certaine ampleur. ]

Il existe un certain nombre de calices de pierre, comme celui de la Chapelle Sixtine en cristal de roche, monté en or émaillé (XVIe s.), ou encore celui de Gênes (Sacro-Catino), prétendument en émeraude, mais en réalité en verre… On compterait, en fait, environ 200 Graals en Europe, dont parmi les plus connus, outre ceux précédemment mentionnés, celui de Hawkstone Park (Shropshire, Royaume-Uni), Dublin, Nantes, et au-delà à New-York…